Constellation du Sagittaire dans la Voie lactée et... Saturne qui s'est invité dans la composition !
La constellation du Sagittaire est posée en plein centre de la Voie lactée, notre galaxie. Ce soir là, Saturne est même venue s'ajouter au bal des étoiles mais, sur cette photo prise à faible grossissement, est vue comme une étoile très brillante et non une belle planète avec ses fameux anneaux. Un des moyens pour reconnaître une planète à l'œil nu est de regarder attentivement si elle scintille car, contrairement aux étoiles, les planètes ne scintillent pas alors que la turbulence de l'air fait "danser" les étoiles. L'autre moyen nécessite davantage de patience : les planètes se déplacent progressivement sur la voûte céleste. Dans le cas de Saturne qui se trouve loin de nous, son mouvement apparent peut être perçu sur plusieurs jours. Dernière possibilité : la regarder au moins dans une grosse paire de jumelles ou dans une lunette astronomique. Là, sa nature planétaire sera immanquable, surtout avec Saturne et ses célèbres anneaux.
Un peu de technique...
Même si les étoiles et la Voie lactée sont visibles à l’œil nu à la campagne, cela reste des objets vraiment faibles d'éclat. Il faut donc poser très longtemps. Beaucoup plus qu'en photo "classique", même de nuit en ville. Les temps de pose ne se compte plus en secondes mais en minutes voire en heures ! Ici, par exemple, j'ai posé 33 minutes. Et pendant ce temps la terre tourne donc on ne peut la prendre en photo sans compenser la rotation de la terre sans quoi les étoiles n'auraient plus un bel aspect rond mais laisseraient des traînées... qui, quand c'est voulu, peuvent faire de jolies photos. Voilà pourquoi j'installe mon appareil photo Pentax 645Z et son téléobjectif de 75 mm sur cette monture un peu spéciale... dont je vais reparler plus tard.
L'astronomie à l'ère numérique offre un très grand privilège : il n'est plus besoin de poser ici trente trois minutes d'une seule traite pour arriver à enregistrer la trace des étoiles; vous pouvez dorénavant découper ce temps de pose global en une multitude de poses beaucoup plus courtes (ici 11 fois 3 minutes) et ensuite les assembler en alignant parfaitement ensemble dans une série de poses plus courtes mais qui, une fois empilées, reviennent exactement au même en terme de temps d'exposition. Ainsi, au lieu de poser 33 minutes en continu - ce qui apporte son lot de complications et de risques de ratés - j'ai posé 11 fois 3 minutes. Le travail de l'informatique a fait le reste !
Enfin, pour éviter que les étoiles ne laissent une magnifique traînée dans le ciel due à la rotation de la terre, j'ai monté mon appareil photo sur une grosse rotule un peu spéciale que l'on appelle une monture
Nébuleuse de la Lagune M8 + Trifide M20
Détail à 15%
équatoriale (modèle AZ-EQ6 de SkyWatcher) et qui, grâce à un moteur qui tourne exactement à la vitesse de la terre, suit très précisément les étoiles afin de les garder les plus ponctuelles possible sur le capteur.
Cela dit, les astrophotographes savent que cela ne suffit pas et c'est pourquoi j'ai aligné à côté de mon appareil photo une petite lunette TS (60 mm de diamètre et 240 mm de focale) sur laquelle j'ai fixé un petit capteur CCD - une caméra numérique - reliée à un mini-ordinateur (Lacerta MGen II) qui va mesurer très précisément les moindres variations
de mouvements d'une étoile guide pour envoyer des micro-corrections vers la monture afin de la rendre "presque" parfaite. C'est redoutable ! Et cela offre un autre avantage pratique : ce petit ordinateur peut même commander mon appareil photo et réaliser automatiquement non seulement le suivi parfait des étoiles mais aussi le déclenchement de mon boîtier autant de fois que j'ai programmé, ici 11 x 3 minutes. Je peux donc observer le ciel avec mon autre télescope dédié à l'observation visuelle pendant ce temps.
Enfin, notez - avant que vous ne me posiez la question ! - que j'entoure mon objectif et celui de ma lunette guide d'une petite résistante chauffante pour éviter le dépôt de rosée l'été ou de givre l'hiver sur la lentille frontale. Cela chauffe légèrement et cela suffit à éliminer tout risque de photo ratée !
Arnaud Frich, le 08 novembre 2024
Objectif PENTAX FA 645 75mm F2,8
f/8,0
1600 iso
33 minutes (11 poses de 3 minutes chacune)
RAW (DNG) développés dans Adobe Camera Raw et assemblés dans Photoshop CC.
Appareil photo Pentax 645Z fixé sur une monture équatoriale SkyWatcher AZ-EQ6 motorisée et guidée automatiquement avec une caméra CCD Lacerta MGen II montée sur une petite lunette guide TS de 60mm et 240mm de focale.
Photo prise à partir de 22h59 TL, le 25 août 2019, à Cunlhat, dans le parc du Livradois-Forez en Auvergne, par un ciel bien transparent.
Les nébuleuses Omega dite M17 et de l'Aigle dite M16 dans la Voie lactée - Agrandissement sur les nébuleuses M8 et M20 >
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